Test de restauration de sauvegarde sur bandes pour une mise en conformité DORA
Le règlement DORA (Digital Operational Resilience Act) impose à de nombreuses entités réglementées (banques, assurances, gestionnaires d’actifs mais aussi prestataires IT critiques) de démontrer leur capacité à restaurer rapidement et efficacement leurs données critiques. Cette exigence ne se limite pas à la présence de sauvegardes : elle impose la preuve concrète que celles-ci sont accessibles, vérifiées et exploitables dans un scénario de crise.
Si les sauvegardes de premier niveau, souvent stockées sur disque ou dans le cloud, font régulièrement l’objet de tests de restauration, les sauvegardes « ultimes » sur bandes, stockées à froid, restent très souvent hors du périmètre de validation. Or, ce sont justement ces jeux de données que l’on espère retrouver en dernier recours, lorsque les autres ont été compromis.
Test de résilience : répondre aux attentes de DORA
DORA vient changer la donne : elle impose explicitement que tous les supports, y compris les bandes hors ligne, soient régulièrement testées. Les retours d’expérience que nous avons recueillis montrent que, dans un contexte de sinistre, ces restaurations de sauvegardes sont souvent entravées par plusieurs facteurs :
- Indisponibilité ou vétusté du matériel de lecture (lecteurs LTO (Linear Tape-Open) non maintenus),
- Absence de catalogue de sauvegarde, souvent hébergé en production et détruit durant l’attaque,
- Difficulté à remonter rapidement une VM permettant la restauration de la donnée (VEEAM).
C’est dans ce cadre que DATABACK est régulièrement sollicité pour conduire des opérations de test de restauration sur bandes, avec un double objectif : vérifier l’exploitabilité effective des données stockées à froid, et produire des livrables directement utilisables dans un audit de conformité DORA.
Objectif : auditer la capacité réelle de restauration des sauvegardes
Dans le cadre de notre accompagnement, nous intervenons régulièrement auprès d’organisations souhaitant valider leur capacité à restaurer des données critiques depuis des sauvegardes archivées sur bande, souvent considérées comme la « sauvegarde ultime ». Ces tests sont généralement déclenchés dans une optique de conformité DORA, de mise à jour du PRA (Plan de Reprise d’Activité) ou de vérification indépendante de leur résilience.
L’objectif est clair : prouver qu’en cas de perte totale du système d’information, une restauration fiable reste possible, même en l’absence des outils habituels (infrastructure de production, catalogue de sauvegarde, environnement virtualisé d’origine).
Pour cela, nous appliquons une méthode standardisée :
Chaque étape est mesurée, chronométrée et documentée pour fournir un rapport complet et alimenter la mise à jour du PRA.
Ce test de restauration permet non seulement de vérifier l’exploitabilité des données à froid, mais aussi de fournir des éléments concrets pour réviser le PRA et établir des délais de reprise réalistes. Il constitue également un levier de conformité directe avec les exigences DORA, qui impose des tests de résilience réguliers sur l’ensemble des supports, y compris les archives hors ligne.
Retours d’expérience : entre imprévus opérationnels et méthode rigoureuse
Les tests de restauration sur bandes apportent souvent leur lot de surprises, y compris dans des environnements a priori maîtrisés. Nos interventions ont révélé plusieurs freins récurrents qui peuvent rallonger la capacité de reprise d’activité si aucune anticipation n’est mise en place.
Parmi les difficultés les plus fréquentes, la mobilisation des bandes constitue un point de tension. La coordination avec les équipes IT et les tiers archiveurs devient alors un facteur clé de succès.
Le catalogue revêt également un rôle capital, sans un catalogue de sauvegarde à jour et externalisé, toute restauration devient un exercice à l’aveugle. Son absence ou son indisponibilité en situation de crise allonge considérablement les délais de récupération et multiplie les risques d’erreurs indépendamment du cadre de l’exercice.
Méthodologie du test de restauration
C’est pour répondre à ces contraintes que DATABACK a mis en place une démarche méthodique, articulée en trois temps :
1- Phase de build & setup
Nous analysons en amont le contexte technique du client : format des sauvegardes, outils utilisés, contraintes logistiques, type de jeux à tester. En complément et au-delà de la mécanique de restauration nous apportons également un conseil général sur le processus. Cette étape permet de préparer l’infrastructure de test et de définir précisément le périmètre du test à venir.
2- Réalisation du test de restauration
Après collecte des bandes, une restauration est opérée dans un environnement isolé, sans interférer avec le SI du client. Ce processus est entièrement instrumenté : chaque étape est chronométrée, chaque anomalie est documentée.
3- Remise du rapport de conformité
Un rapport complet est remis au client, incluant les métriques RTO/RPO observées, les volumes restaurés, les éventuelles défaillances constatées, et des préconisations concrètes pour améliorer les scénarios de reprise. Ce rapport est produit à la fréquence définie avec le client (annuelle ou trimestrielle) selon le niveau d’exigence réglementaire ou métier.
Approche DATABACK : ce que vous ne verrez jamais dans vos outils de supervision
Les premiers tests de restauration que nous avons conduits sur bandes froides ont permis de révéler des écarts significatifs entre les hypothèses théoriques de reprise et la réalité terrain. Ces écarts, bien que rarement visibles dans les tableaux de bord des outils de sauvegarde, peuvent avoir des conséquences directes en cas de sinistre.
Logistique et RTO : un décalage souvent sous-estimé
L’un des enseignements majeurs concerne l’ajustement du RTO (Recovery Time Objective), souvent sous-estimé. En effet, au-delà de la seule durée technique de restauration, il faut désormais intégrer dans le délai de reprise :
- Le temps de déclenchement de la demande de restauration (coordination avec les équipes internes et/ou le tiers archiveur),
- Les délais logistiques liés à la mise à disposition physique des bandes,
- Le temps nécessaire à la préparation de l’environnement de test ou de reprise.
Ce chaînage logistique, rarement pris en compte dans les scénarios initiaux, peut doubler voire tripler les délais envisagés, en particulier si les supports sont externalisés ou si l’infrastructure de restauration doit être reconstruite en urgence.
Incrément corrompu : un cas typique observé en test de restauration
Un autre cas concret observé lors d’un test : la détection d’un incrément de sauvegarde partiellement corrompu. Cette anomalie, non signalée par les outils de sauvegarde utilisés, aurait pu passer inaperçue jusqu’à une tentative de restauration réelle. Sa découverte lors du test a permis d’écarter ce jeu comme base de reprise et d’ajuster le périmètre des données considérées comme fiables.
Catalogue de sauvegarde : un maillon souvent négligé
Enfin, un autre point souvent sous-estimé, mais pourtant central pour le succès d’un test de restauration, réside dans l’état et la disponibilité du catalogue de sauvegarde. Ce référentiel, qui permet d’identifier avec précision le contenu des bandes, leur date, leur structure et leur utilité métier, conditionne directement la rapidité et la fiabilité de toute opération de récupération.
Pour que les tests soient réalistes et exploitables, il est impératif que le catalogue soit complet, à jour, et accessible en dehors des environnements de production. Or, dans de nombreux cas, celui-ci est hébergé sur les mêmes infrastructures que le SI principal. En situation réelle de crise, notamment après une compromission ou une perte d’accès, sa reconstruction devient une étape préalable incontournable, source de retard.
Un catalogue inexploitable oblige les équipes à naviguer à l’aveugle dans des dizaines de bandes, multipliant les manipulations manuelles. C’est pourquoi nous intégrons systématiquement une vérification du catalogue dans notre phase de préparation, et sensibilisons nos clients à externaliser ou répliquer ce composant clé dans un espace sécurisé, indépendant de la production et des sauvegardes conventionnelles.
Ces retours d’expérience illustrent l’utilité opérationnelle du test de restauration : non seulement il valide la chaîne technique, mais il met en lumière les angles morts du plan de reprise, ceux qui n’apparaissent ni dans les politiques, ni dans les dashboards, mais seulement dans l’épreuve du réel.
Conclusion : restaurer, c’est prouver
Ce que démontrent ces interventions, c’est qu’il ne suffit pas de disposer de sauvegardes pour être résilient, « Une sauvegarde sans test de restauration n’est qu’une illusion de sécurité », comme le rappelle régulièrement Samuel Durand, directeur technique chez DATABACK. Encore faut-il pouvoir les retrouver, les lire, les comprendre et surtout, les restaurer à temps.
Tester ses restaurations, c’est faire l’inventaire de ses angles morts, révéler les lacunes cachées derrière les procédures théoriques. C’est aussi un exercice de gouvernance, au croisement de l’IT, de la conformité et des métiers.
Cette démarche doit devenir un réflexe : elle ne s’improvise pas au moment du sinistre. C’est pourquoi nous accompagnons nos clients dans une logique de test de résilience récurrent, documenté, et validé par les utilisateurs finaux.
Et si la bande reste aujourd’hui l’un des supports les plus fiables pour une sauvegarde ultime, encore faut-il qu’elle soit réellement hors ligne. Nous sommes intervenus sur des cas où l’attaquant, après avoir compromis l’environnement de supervision, a méthodiquement pris le contrôle du robot de bandes pour effacer chaque cartouche, une à une. Déconnecter physiquement les supports reste une exigence minimale pour garantir leur intégrité.
En matière de sauvegarde, la seule preuve valable, c’est la restauration réussie.
23 juin 2025